Portbou - Cadaques
Portbou, ancien hameau de pêcheurs investi avec plus ou moins de zèle par les carabiniers qui surveillaient la frontière, est devenu un gros bourg, plus connu pour sa gare surdimensionnée (1878-1929) et ses boutiques de souvenirs que pour sa petite plage et sa tranquillité, qui valent pourtant le détour. Le village, construit sur les contreforts de la Serra d'Albera, tombe à pic dans la mer, ce qui lui donne un aspect escarpé avec ses rues en pente raide et ses escaliers abrupts qui descendent directement à la plage.
Une trentaine de kilomètres plus au sud, via Colera, Llança et El Port de la Selva, une route pittoresque descend de la Sierra de l'Albera, un contrefort des Pyrénées, dont l'une mène au monastère de Sant Pere de Rodes, qui, par sa taille et sa situation stratégique, est l'un des plus importants jalons de l'histoire catalane.
San Pere de Rodes recèle plus de mystères qu'il n'en révèle. Le site aurait été occupé par un temple païen en l'honneur de Vénus, comme semblent en attester certaines gravures trouvées dans la région, tandis que les chapiteaux corinthiens de la nef centrale de l'église témoignent d'un passé hellénique.
Mais au XVe siècle, les moines qui se succèdent ne résistent pas aux influences lointaines d'Aphrodite. Ils vivent dans un tel bonheur que, de scandale en scandale, l'abbaye sombre dans la décadence et l'oubli ; ses biens sont pillés, dont la Bible de Rodes du XIe siècle, aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale à Paris. Elle fut finalement abandonnée en 1831, après que ses derniers occupants eurent été assassinés par des contrebandiers. L'autre route mène au Cap Creus, où la fusion de la mer et de la montagne révèle un village catalan mythique, Cadaques.